jeudi 19 avril 2007

May I take your order?

" Hi there! How are you tonight? "

Je suis de retour dans le rôle de la super serveuse méga stressée qui a le goût de vomir quand elle voit sa section se remplir. Surtout qu'ici, elle se remplie d'anglais. Pas façile de faire la conversation et de faire des blagues sans avoir l'air trop niaiseuse parce que dans le fond, je comprend pas tant que ça ce que le monde me raconte... Mais je tiens à dire que c'est la première fois que je goûte au travail du commis dans l'autre sens et maudit que c'est le fun!! ... surtout quand la cuisine est l'étage ;-)

J'ai déniché un boulot dans le bistro du resto où je voulais travailler. C'est assez relax pour tout le monde, sauf pour moi... Mon cerveau est constamment surmené. Mes collègues de travail ne parle que l'anglais et le trois-quart des clients aussi. Je comprends très bien, mais j'ai encore des petites difficultés à m'exprimer.


Par contre, j'ai la chance de travailler dans une ville où TOUT va au ralenti. Ça fait une demie heure que tu attends ton steak? C'est normal! Ça fait 10 minutes que tu es assis et la serveuse est pas venue te voir? C'est normal! Pas de panique!

(J'adore les Inukshuk. Même si ce n'est pas très Ténois comme symbole, je les trouve toujours très beaux.)

Ici, c'est pas une société où on a besoin de produire de l'efficacité (...). Disons que les Yellowknifois (!!) prennent un peu plus le temps de vivre et ils n'ont pas peur de manquer le métro puisqu'ici, on se rend partout à pied!

Je travaille aussi dans une épicerie fine qui appartient au même proprio que le bistro. Ça, c'est vraiment plate... Mais ils m'ont foutu sur l'horaire et franchement, je m'en passerait complètement. On vend de la charcuterie, des fromages (j'en coupe un, j'en prends un...), du pain frais et des articles de cuisine. Tout cela à un prix plus qu'exhorbitant! Mais encore là, je me lobotomise en me disant que tout ceci constitue en un apprentissage de l'anglâ!

De plus, je suis une des 8 chanceuses qui aura la chance de travailler au Wild Cat Café cet été!


http://en.wikipedia.org/wiki/The_Wildcat_Cafe


À ce qu'il parait, les trappeurs allaient y boire un coup après leur chasse. J'ai entendu dire que l'ambiance là-bas est écoeurante. Et comme c'est dans le Old Town, ça risque de grouiller de touristes et d'être constamment occupé. J'ai vraiment très hâte surtout que c'est un lieu tellement pittoresque.

Le documentaire Aller Simple de la super équipe oestrogesnique pAzApA a été présenté jeudi dernier devant un petit public. Il a franchement fait l'unanimité et j'étais vraiment très fière du travail que nous avons accomplie. Je le présenterai donc dans les écoles francophones de Yellowknife et aussi dans les classe d'immersion française. Je vais bientôt commencer le travail de la traduction anglophone afin de pouvoir l'inscrire au festival de film de Yellowknife. Que du bon!

Sinon, ici le printemps s'en vient timidement mais c'est franchement encourageant. J'ai hâte à l'été, vous pouvez même pas vous imaginer... Il fait déjà soleil jusqu'à 22heures. C'est assez bizarre. Mais, en voyant les drôles de changements de température à Montréal, j'étais contente d'être ici. Je suis peut être loin de vous tous, mais j'ai la chance de vivre dans une ville super, au nord du 60e paralèlle et où la plaque de voiture est en forme d'ours polaire. Qui peut m'accoter là dessus? ;-)

À bientôt pour une prochaine aventure!

dimanche 15 avril 2007

Méli-Mélo

Voici des photos de Yellowknife choisies afin de vous transmettre un peu du Grand Nord jusqu'au Québec...


Bienvenue à Yellowknife !!!
(ça vous rappelle où vous êtes... loin en titi!! c'est loin en titi...!!)

Magnifique coucher de soleil du mois d'avril.
Il y avait comme des montagnes dans le ciel.
Les jours s'allongent de plus en plus.

Par semaine, nous gagnons environs 45 minutes de luminosité.
Durant l'été, le soleil se couchera vers minuit et se lèvera vers 3 heures du matin.
Il n'y aura donc jamais de noirceur complète.

Moyennes de température à Yellowknife


Magnifique "shack" dans le Woodyard


Le bollock - un restaurant de poisson très typique de Yellowknife


Un côté un peu moins rose de Yellowknife.
La taux d'alcoolisme ches les autochtones est très élevé. Mais parfois, ils sont incapables de se payer des bouteilles ou lorsque c'est le dimanche, le liquor store est fermé. Ils consomment donc du rince-bouche ou du fixatif à cheveux afin d'atteindre leur bien-être...
Les bouteilles se retrouvent dans les rues du centre-ville de Yellowknife.
Une bien triste réalité...




mardi 10 avril 2007

Hobo and Juliet - a trash story


Petit récit d'une petite aventure qui dura 72 heures...


Un cinéaste autochtone, Dennis Allen, est venu nous donner une petite formation et aussi, la chance de réaliser un court métrage de six minutes en trois jours. Notre équipe de quatre (super Noémie, super Gilles, super Alex, super Mylène et avec l'aide de super Batiste) , nous nous sommes mit à écrire un scénario "clownesque". Nous avons tourné le samedi et avons fait le montage le dimanche de Pâques. En gros, c'est l'histoire de Hobo, le sans-abri, qui trouve un nez de clown dans une poubelle. Puis, il rencontre sa "Juliette" sur le coin d'une rue : une belle "clounette" aux longs cheveux bouclés. Il l'invite donc à prendre place dans son carrosse et la conduit dans un endroit romantique : la (super) dump de Yellowknife. Assis sur une voiture, ils partagent un sandwich au fameux fromage kraft (qui aura presque fait vomir super Bat -notre Hobo-) et s'embrassent. Je vous laisse sur quelques photos du tournage.


Hobo et Juliet sous l'oeil attentif de Gilles et Alex

Juliet jouant la comédie sur le coin d'une rue pas trop rose de Yellowknife où
nous nous sommes fait attaquer à coup de bouteille de thé glacé (rien de moins...)

Alex et Hobo, accroché dans sa poubelle (qui sentait la mort qu'il disait)

Dans la poubelle de la pizzeria, Hobo y trouvera le nez qui changera sa vie

Le montage est terminé (yéééé je conais maintenant Final Cut Pro!), mais il nous reste le bruitage. Nous avons tourné le film muet et nous y rajouterons des sons faits avec nos bouches.

Faudra venir voir ça à Yellowknife!

Qu'attendez-vous?

mercredi 4 avril 2007

Le dépotoire du Nord

...ou la dump de Yellowknife

« Viens, on s’en va chercher un bureau! »
« D’accord! Où? »
« À la dump! »
« À la quoi? La dump!? »

Et ainsi commence mon histoire.

Quand j’étais gamine, j’habitais une petite ville régionale : Rouyn-Noranda. J’aimais nommer ma ville : Rouyn-Noranda beach. Ça donnait un petit air exotique à notre trou. Tout au long de mon enfance, « la dump » fut un endroit presque mythique. Un peu comme les Cités d’Or ; tout le monde en avait entendu parler, mais personne n’y était jamais allé. Pas même nos parents. Mais plus que tout, « le chemin de la dump » était le théâtre de centaine de légendes urbaines toute plus sanguinolentes les unes que les autres. Quand on était petit, on avait pas le goût d’aller sur le « chemin de la dump » parce que il paraissait il y avait plein de monde qui s’y faisait écoeurer, tabasser et même… tuer.

Lorsque je devins une adolescente, « le chemin de la dump » prit une autre signification pour moi. Ce n’était plus la route des blessés ou des macchabés, mais des baisers et des baisés… C’était la mode d’y suivre son petit ami afin de faire des « béqué-bobos » dans sa voiture transpirant la testostérone. Le comportement typique macho des mecs des films américains des années soixante se transportait jusqu’à Rouyn-Noranda beach. On se trouvait dont cool quand on revenait en char du « chemin de la dump ». On se sentait tout de suite plus vieux, plus adulte. On était fiers de faire l’amour dans le dos de nos parents et on se trouvait dont hot de le faire parfois dans leur char sans qu’ils ne s’en rendent compte.

Toute mon histoire sur « le chemin de la Dump » à Rouyn-Noranada-beach pour en venir au sous-titre de ce texte : La dump de Yellowknife.
Oui, moi aussi j’avais des yeux incrédules.

« T’es certain mon chéri que tu veux aller chercher un bureau à la dump? Parce que je suis prête à investir un peu si tu veux…
- Non, non, tu vas voir Mylène. Ici ce n’est pas une dump ordinaire. C’est comme une petite mine d’or. »

Et il avait bien raison le mec de Baie-Comeau. À la dump de Yellowknife, on peut meubler notre maison au complet et même notre chalet au lac Johanne si on veut (quoique c’est un peu loin…).



« À votre gauche madame, les électroménagers. Cuisinière, frigo, laveuse, sécheuse, micro-onde et encore plus si vous fouillez bien! Souvent plus de la moitié des électroménagers sont encore très fonctionnels et ne demandent qu’à être branchés! Ici, encore à votre gauche, le coin du bois. Tables, chaises, meubles quelconques, bureaux de travail, commodes, étagères, etc.! Tiens Mylène, voilà un petit bureau parfait! On l’embarque! »

Suspicieuse, je me suis approché du meuble. Je l’ai ouvert, retourné dans tous les sens, inspecté à la loupe…Il est neuf ou quoi?!

« Ensuite, le caoutchouc, les pneus puis le verre. Là, c’est interdit d’y aller sauf pour déverser car c’est trop dangereux. Puis, le métal et l’acier. Et regarde le cimetière de voiture là-bas! Ici, le béton. Et le plat de résistance : le n’importe quoi! »

Mes yeux se posèrent sur ce que je qualifierais d’une toile absurde. Des écrans d’ordinateur bien cordés en rang d’oignons, une bicyclette qui m’apparaissait bien rouler sur deux roues, un de peinture de Renoir, une vieille table de salon, des millions de sacs de poubelles, des couches, des vieux magazines pornos, la carcasse d’un poulet, des vêtements en très bon état, une luge, un fauteuil royal, un appareil d’exercice, un sac de pomme plein, des peluches, des espadrilles neuves, et ainsi de suite. Les immenses corbeaux volaient au dessus de nos têtes comme des charognards. J’avais presque peur de découvrir un corps inerte en marchant sur les débris. Et j’ai trouvé Steve! Le cheval russe tombé de son carrousel. Je l’ai sauvé de cet enfer et apporté chez moi. Il est maintenant la fière mascotte de notre humble demeure, souriant à tous ceux qui entre chez moi.




F.A.Q.

Pourquoi il y a tant d’objets en bon état à la dump de Yellowknife?

Comme Yellowknife est une ville où souvent les gens n’y viennent travailler que pour quelques années, parois même seulement une, ils se débarrassent de leurs meubles avant de quitter. Un déménagement familial du Québec jusqu’à Yellowknife peut coûter jusqu’à 10 000 $. Les gens trouvent donc moins compliqué de sacrer leurs affaires à la dump que de se casser la tête à les vendre ou à la rapporter avec eux.

Mais il n’y a pas une odeur écoeurante là-bas?

Je tiens à dire qu’ici, nous sommes encore sous la barre du zéro degré celcius.

N’y a-t-il pas l'Armée du salut ou quelque chose d’autres du genre pour les vêtements?

Est-ce tout le monde qui met son papier à la récupération?

Le commencement

Début de l'année 2006.
J'ai décidé de prendre mes cliques et mes claque et de les traîner dans le Nord.

Le Nord de quoi?

Le nord du Canada. Yellowknife. Capitale des Territoires du Nord-Ouest, le plus grand territoire du Canada.


Une ville qui compte vingt mille habitants. L'hiver dure huit mois par année (et plus...) et il fait noir de 15h à 10h le lendemain matin. L'été, échelonné sur six semaines, il fait jour 22 heures sur 24.

La capitale mondiale des aurores boréales compte onze langues officielles dont le français et l'anglais.

Un des parcs nationaux des TNO, le parc Nahanni, est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO et en fut même le premier. Ce parc figure aussi dans la liste des 100 things to do de la compagnie de voiture Lexus (hum!...hum!).

Qu'attendez-vous?

Il vous faut connaître Yellowknife. Malgré le froid, malgré la neige, malgré la glace, malgré les vents glacés, j'ai vu beaucoup de trucs qui ont nettement attiré mon attention. Assez pour que je ne retourne pas à Montréal.

Je semble le dire aisément, mais j'en suis venue à cette conclusion après une longue remise en question. Ça n'a pas été façile. J'ai pleuré toutes le larmes de mon corps, j'ai presque fait une crise de nerfs, j'ai été malade de bout en bout, j'ai combattue la fièvre des glaces (ça c'est pire qu'une grippe d'homme!)...

Mais hier, j'ai vu une aurore boréale. J'en avais des frissons. Elle dansait dans le ciel. Elle semblait poursuivre les étoiles. C'était vraiment magique. Magnifique.

source : www.aventurearctique.com

Je ne suis pas amoureuse de Yellowknife encore. Je suis juste trop écoeuré de mettre mes combines et mes cinquante chandails avant de sortir. Mais quand nous aurons notre canot, quand il n'y aura plus de neige, quand je pourrai ramer sur l'eau, planter ma tente, faire un feu et y griller un bon poisson, je crois que je serai très heureuse.