dimanche 16 mars 2008

365 degrés

Trois-six-cinq. Trois cent. Plus soixante. Plus cinq. Trois cent soixante-cinq... jours.
wow.
365 jours plus tôt, j'étais où donc? Ah oui, à Laval. Et 366? Dans mon appart vert et jaune et plein de soleil et plein de plantes de la rue Darling. (j'en parle souvent de cet appart là, s'parce que je l'aimais pas mal)

Pis là, en même pas 12 heures, j'ai survolé 17 parallèles. Je suis partie du 46e pour aller jusqu'au 63e. Six mille kilomètres. Ça fait beaucoup de chemin pour déménager. J'sais pas pourquoi, mais sur le coup, j'ai pas eu peur. Ceux qui me connaissent, savent que j'aime voyager.
Oui, voyager.

J'pense que ma tête pensait que je partais en voyage. Quand elle s'est rendue compte que je l'avais déménagé aux Territoires du Nord-Ouest elle a capoté. Ben raide. Ma tête a appelé VISA et a dit au gars : vite augmente-moi ma marge de crédit, faut que j'parte d'ici, chue pris à Yellowknife.

Quand j'ai rencontré Geneviève et Stéphane, j'ai été charmé.
Mais j'ai tout de suite vu clair dans leur jeu. Ils essayaient de me convaincre de rester à Yellowknife. Parce que oui, je voulais sacrer mon camps ASAP (lire aussi : OPC).
Wo! Une ville où il fait -30 tous les jours de l'hiver? Non merci.
Ah pis en plus l'hiver dure huit mois? Hahahaha! Oublie-moi.

"Ça va te prendre des bottes d'hiver pour l'hiver prochain" qui m'a dit Stéphane.
Rire nerveux de moi. C'est vrai que j'avais froid dans mes bottes de randonnée.

"L'hiver prochain? Pas besoin. C'est clair que j'serai pas icite moé..."
Rire sympathique de l'auditoire.

"Ouin, ouin, y disent tous ça. Pis la première chose qu'ils se rendent compte c'est que ça fait quinze ans qu'ils sont là."
Rire général.

Pas besoin de vous faire un dessin. J'm'en ai acheté des bottes d'hiver. Pis elle sont belles, pis elles ont marchées je peux vous dire!

Au début, je trouvais donc que vous aviez tous raison de me trouver courageuse. Heille... y faut être vraiment courageuse pour déménager aussi loin, dans une si petite ville, aussi froide. Surtout que Yellowknife est la seule grosse ville des Territoires du nord-ouest. Pour le reste, on parle presque de villages... J'ai été faire du camping à Hay River et c'est vrai que s'pas grand pis que le soir, c'est assez tranquille.

Pis là, je me demadnais c'que que j'allais faire de mes journées à Yellowknife?
Je suis ici pour travailler. Quelques mois, pas plus. Mon dieu, je vais m'ennuyer de la ville! Montréal, ma bien-aimée. Le parc Lafontaine, la rue St-Denis, l'été, le Mont-Royal, le festival de Jazz, les terrasses, la bière québécoise, le métro, la foule de 5:00 pm, L'utopik, L'Échalotte, haaaaa mon dieu!

L'été dernier, quand vous me disiez : "Ah Mylène, il fait tellement beau aujourd'hui. Hier on est resté sur la terrasse jusqu'à 3 hrs du matin"

Je vous enviais tellement, que j'ai décidé de couper mon Internet et de ne plus jamais y aller de l'été. Je l'ai pas regretté.

J'ai passé l'été complet au Wildcat Café.
Le café qui a sa réplique au Musé des Civilisations de Hull. Il a été contruit en 1937 et le plancher est tellement croche, que ça m'a pris quelque jours avant d'arrêter de perdre l'équilibre quand je tournais rapidement les coins.
J'ai remboursé mes dettes. Toutes mes dettes.
J'ai servi des gens de partout dans le monde. Du plus au Nord du Canada que j'étais, de l'Allemagne, de la Russie, du Québec, de l'Australie, de l'Angleterre, du Pakistan, des Mormons, du monde, du monde, de la planète entière!
J'ai servi le Premier ministre du Yukon, et celui du Canada.
J'ai appris des mots dans toutes sortes de langues. J'ai travaillé avec du monde de partout.

Et chaque soir quand je retournais chez moi, sous le soleil de minuit, je regardais la Back Bay du Grand lac des esclaves. Y'avait des kayaks et de canots. Il était 11:00 du soir, mais il faisait encore tellement beau. Je prenais mon vélo et je rentrais à la maison pour ensuite repartir avec Rudy rejoindre tout le monde dans le woodyard autour du feu. Pis on jouait de la guitare, pis on chantait jusqu'à temps que quelqu'un dise : Ah! le soleil se relève!
Il était 3 hrs du matin. Il aura jamais fait noir complètement. Le soleil ne fait que s'approcher de l'horizon vers 2hrs du matin puis il remonte vers 3 hrs pour briller haut dans le ciel à 4hrs. C'est magique. Mais c'est comme les aurores boréales, ça s'explique pas, ça se vit.

C'est certain que mes 25 ans m'auront apporté un coup de blues. En plus que le Wildcat fermait ses portes pour l'été, j'me demandais ben s'que j'allais faire de mon année.
Fallait pas chômer. Parce que chaque jour est une petite vie, j'me suis dépêché à tout faire. J'ai changé de boulot pour m'en aller dans le plein air.

À travailler avec des passionnés, on pogne leur beat. Je suis partie.
En raquette, en ski, -50 avec ou pas de vent, y'a rien qui nous a arrêté. On a défoncé la glace pis le temps. Le soleil se levait tard et se couchait tôt. Fallait se dépêcher quand on avait une journée de congé.
J'ai appris à faire du kite-ski (ski en cerf-volant) puis j'ai acheté mon propre materiel. J'ai marché LE matin où il a fait -54 sans les vents. Pis on a prit une belle grosse truite loin là-bas sur la route de glace dans les trous qu'on a fait à l'huile de bras. J'ai fait déménager mon amie d'enfance ici, au nord du 60e parallèle et elle est encore là. J'ai dansé dans un gros château de neige sur le lac, à -40 quand mon amoureux jouait de la guitare, le doigts gelés.

Festival de musique l'été, festival de films l'hiver. Danses, expo, arts, musique, sports, cinéma. Je vois vraiment pas ce que je manque.

Pis je repense au monde qui m'ont tellement dit que j'étais courageuse. J'voudrais mettre quelque chose au clair tout de suite. J'aime Yellowknife et je ne retournerais pas vivre à Montréal sous aucun prétexte. J'm'ennuie de vous autres là, ceux qui habitent loin.
Vous trouvez pas que vous êtes loin?
Tout l'hiver je me suis trouvé chanceuse. Pas de slush dans la rue, rienqu'd'la belle neige blanche. Pas de pluie à Noël. Mais un beau -30 degrés ben frette pour nous rappeller que l'âne soufflait pas sur le p'tit Jésus pour le rafraîchir mais bien pour le réchauffer. Pas de 5 mètres de neige en 24 heures. Juste assez de neige pour toute l'hiver. Pis des belles bordées de temps en temps qu'on adorait aller défoncer en raquettes.

J'habite dans un giga espace vert l'été et blanc l'hiver. Mais surtout bleu. Parce que le ciel ici il est bleu presque tout le temps.
J'habite dans une ville de 20 000 habitants où on est près de 1000 francophones qui ont eu leur place sur la scènes des Arctic Winter Game 2008 qui on eu lieu ici, à Yellowknife, la semaine dernière.

J'habite dans une des seules villes au Canada où l'on retrouve ses fameuses maison-bateaux. Ces fameux shacks.
Une ville où il y a des artistes au mètre carré. Où tous les bars en villes accueillent des groupes locaux chaque fin de semaines. Un ville avec deux radios communautaires : une francophone et une autochtone.

Je prends mes raquettes ou mes skis, j'ouvre la porte de la maison et je me retrouve devant un terrain de jeu immense. Je suis sur le Grand lac des esclaves et je peux marcher des heures sans m'arrêter. Et à côté de moi passerons des traîneaux à chiens, des cerfs-volant géants. Les soirs d'hiver, je m'habille chaudement et je vais sur la Baie puis je regarde les aurores. Parfois elles emplissent le ciel de leurs couleurs éclatantes. Et je siffle. Parce que ça les fait bouger.

Ceux qui déménage ici ne sont pas fous. Mais ils le deviendront. Fous de cet espace. De cette ville. De cette communauté.

Je sens que je vis, que je suis et c'est parfait.
À bientôt!

4 commentaires:

Le Mercenaire a dit…

Et moi qui me force à rester bien grounder ici comme un vieux chêne pour faire avancer mes projets, craignant que si je m'éclipse, ne serait-ce que 6 mois, tout serait à recommencer.
Ton aventure est franchement superbe Mylène; t'en a trotté du chemin depuis que t'es partie de Rouyn pour aller étudier.
Je suis vraiment jaloux de tes Territoires du Nord-Ouest.

Jack a dit…

C'est dit avec le coeur et l'âme. Get a life! Fais ta vie et vis-la jusqu'au boutt' du boutt'! Dernièrement j'ai reçu un très beau pps qui disait: le bonheur n'est pas un but, mais la façon de vivre ta vie.
Quand je serai rendu au bout du chemin de la vie et que j'ouvrirai mon grand livre, je ne veux pas de pages blanches!
Je t'aime.
Pôpa XXX

nini a dit…

Allo ma grande,

Ayoille tu as vraiment fait le tour que tu as une belle plume. Ca donne quasiment le gout de déménager la. Tu n as pas peur de défis et ca parait. Je te souhaite beaucoup d autre défis et pas de pages blanches dans ton grand livre de vie vit ta vie jusqu au boutte.....

Je taime mamanxoxoxooxxo

Anonyme a dit…

Je suis donc contente que tu aies décidé de rester...

Je t'aime bien tu sais...

Gen
xxx